Cigarette électronique : vers une politique du « moindre mal » ?

Conseils

En France, la lutte contre le tabagisme est ancrée dans les politiques de santé publique depuis les années 1980… Il faut dire que l’Hexagone a longtemps souffert du surnom peu flatteur de « Cheminée de l’Europe ». Si les campagnes de sensibilisation, les hausses graduelles mais régulières du prix du paquet de cigarette ainsi que l’émergence d’alternatives nicotiniques, c’est bien la cigarette électronique qui présente aujourd’hui le meilleur potentiel anti-tabac. On vous explique pourquoi.

La cigarette électronique, victime d’une campagne de lobbying ?

Après des études contradictoires, des pressions des lobbies du tabac mais aussi des ONG anti-tabac, la cigarette électronique semble enfin faire l’objet d’un intérêt objectif, notamment de la part de la communauté scientifique. Rappelons que la cigarette électronique a été l’objet de toutes les passions depuis sa création au début des années 2000. Certains lui ont prêté, à tort, des conséquences sur la santé qu’elle n’avait pas. Ces velléités ont sans doute atteint leur point d’orgue à l’été 2019 où les autorités sanitaires des Etats de New York et du Texas ont lié les cas de pneumonie « Evali » à la consommation de cigarette électronique, alors qu’il s’agissait en réalité d’e-liquides contenant des substances toxiques et interdites partout dans le monde, notamment l’acétate de vitamine E et du cannabis sans doute périmé. D’un autre côté, certains pro-cigarettes électroniques ont tendance à minimiser, voire à réfuter les conséquences de la cigarette électronique sur la santé.

Aujourd’hui, l’approche la plus mesurée consiste plutôt à comparer la cigarette électronique à la cigarette à tabac. Sur le papier, leur composition chimique ne laisse place à aucun doute : la cigarette électronique est infiniment moins toxique que la cigarette à tabac. Il faut dire que cette dernière cumule les tares : goudron, monoxyde de carbone, métaux lourds et autres centaines de substances chimiques cancérigènes et toxiques.

La cigarette électronique, le tabac et la nicotine

Parce qu’elle a fait l’objet d’une médiatisation importante depuis le milieu des années 1980, la nicotine est la substance la plus connue dans le tabac. Pourtant, et contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle n’est pas foncièrement dangereuse. Si la nicotine est au centre des débats dans la lutte contre le tabac, c’est parce qu’elle est responsable de l’addiction et donc des effets secondaires qui peuvent découler d’un sevrage tabagique brusque. La cigarette électronique contient de la nicotine… et c’est d’ailleurs l’une des seules substances communes avec la cigarette à tabac.

Les dispositifs de vapotage les plus récents donnent à l’utilisateur la possibilité de paramétrer la concentration de nicotine qu’il souhaite inhaler en changeant les e-liquides. Les dispositifs les plus huppés intègrent même un système intelligent qui apprend les habitudes de l’utilisateur pour lui délivrer la dose minimale de nicotine qui fera effet. Cette approche dégressive permet d’améliorer les chances de décrocher car ne nous y trompons pas… si la cigarette électronique est moins nocive sur le papier que la cigarette à tabac, l’idéal est de ne pas fumer du tout.

Cigarette électronique : quid du long terme ?

C’est LA question qui reste en suspens. Alors oui, comme la cigarette électronique n’a vu le jour qu’il y a deux décennies, nous ne disposons pas encore de données fiables sur son impact à long terme. Ce contretemps est exacerbé par deux facteurs :

  • La démocratisation du vapotage n’a eu lieu qu’au milieu des années 2010 ;
  • Il y a un large spectre de dispositifs de vapotage, d’e-liquides, d’arômes et de compositions chimiques à inhaler.

Toutefois, les quelques études cliniques dont nous disposons aujourd’hui restent encourageantes. Et comme le rappelle l’Académie nationale de médecine, la cigarette électronique a permis à 700 000 fumeurs français d’arrêter de fumer définitivement (avec un arrêt du vapotage dans les deux ans après l’arrêt du tabac). Nous sommes donc dans une politique du moindre mal, dans la mesure où la cigarette électronique doit être exclusivement considérée comme une aide temporaire au sevrage tabagique, et non comme un objet de plaisir ou, pire, une alternative que l’on va utiliser tout en continuant de fumer du tabac.